28/05/12 : Impasse
Depuis le 22 février dernier, jour du putsch des militaires du capitaine Sanogo, on ne peut pas dire que la situation s’est éclaircie au Mali. Les derniers jours ont été marqués par la plus grande confusion. Avec l’agression dont a été victime D.Traoré, le président de la transition, et son transfert vers la France pour se faire soigner. Avec les manifestations pro et anti-putsch à Bamako. Avec les atermoiements du capitaine Sanogo qui se dit tantôt prêt à négocier avec les représentants de la Communauté Africaine et tantôt décidé à s’emparer de la présidence sans tenir compte des avis extérieurs. Avec l’apparente alliance entre les islamistes du Nord et les rebelles du Mouvement de Libération de l’Azawad pour installer une république islamiste dans les territoires revendiqués. Avec une France toujours pas réactive, du moins officiellement.
Ce chaos politique vient se greffer, on le sait, sur une situation alimentaire inquiétante suite à une saison des pluies désastreuse. Dans le pays dogon, selon la richesse des familles, la situation est plus ou moins grave. En tout cas, les prix du mil et du riz ont grimpé de 50 % et certaines tranches de la population commençent à souffrir. Nous faisons le point chaque semaine avec nos partenaires. Pratiquement, deux soutiens financiers ont été débloqués cette semaine en faveur des villages de Gogoli et Bongo. Et nous verrons comment répartir les bénéfices des deux organisations en ce début juin en faveur de la crise alimentaire.
Nos amis de Bandiagara et de la falaise n’ont pas eu à souffrir directement des conflits qui secouent le Mali. Mais ils sont évidemment inquiets, même si deux compagnies militaires ont été positionnées à Bandiagara pour assurer la sécurité de la population. Les angoisses liées à la crise alimentaire ont néanmoins engendrés deux conflits violents entre éleveurs dogons et agriculteurs peuls; l’un dans le secteur de Bankass et l’autre à la frontière du Burkina, près du village de Sari. Les conflits portaient sur l’appartenance et utilisations de terrains. Ils ont malheureusement la mort de quelques dizaines de personnes.
A Bandiagara, Aminata Oualaguem, la directrice de l’internat, nous signale que les écoles ont rouvert leurs portes et qu’elle peut actuellement maintenir le bon fonctionnement de son établissement. Nous lui avons versé une tranche supplémentaire de fonds pour la poursuite et la finition des travaux de l’école technique installée dans l’environnement de l’internat. Les transferts d’argent ne sont pas simples car les banques n’ont plus de liquidités en dehors des bureaux installés dans les grandes villes (Bamako, Segou, San,…).
Nous recevons des appels à l’aide quotidiens mais, avouons-le, il n’est pas difficile de les analyser. C’est à dire, pour le dire sans fioriture, de faire le tri entre des demandes personnelles et des demandes basées sur les soucis que les collectivités. En cas de doute, n’hésitez pas à nous contacter. Le seul point positif de la crise qui secoue le Mali est de redynamiser les enthousiasmes de notre côté et de rendre nos amis de là-bas plus responsables. En tout cas, leurs inquiétudes sont bien « palpables » et tout dialogue est à la fois bienvenu et nécessaire pour maintenir le fil de l’espoir.