20/01/16 : Pays Dogon : quel avenir ?
C’est une banalité de dire que les événements de ces derniers temps, à l’échelle mondiale, n’ont pas contribué à favoriser les relations que nous entretenons avec nos amis du Pays Dogon depuis une douzaine d’années maintenant.
Ce n’est pas mentir de dire que nous avons pris quelques « coups de marteau » sur la tête et que notre enthousiasme en a parfois pris pour son grade. Aujourd’hui, il est temps de dire aussi, malgré les questionnements et les inquiétudes, que nous sommes retombés les pieds sur terre…et la tête dans les étoiles. Parce que le Pays Dogon nous manque, c’est tellement une évidence. Parce que les projets continuent de prospérer ; principalement l’école technique et l’internat de Bandiagara. Parce que le seul choix est l’optimisme si on veut continuer à aller de l’avant.
Alors que nous visitions nos amis deux et parfois trois fois chaque année, les voyages se sont espacés au fil des événements. Faut-il rappeler les attentats de Bamako et de Mopti et celui, plus récent, de Ouagadougou, au Burkina ? Faut-il rappeler, auparavant, les interventions de l’armée française ? Faut-il rappeler les exactions des membres du Front de Libération du Macina, plus récemment ? Faut-il rappeler l’instauration de l’état d’urgence jusqu’à fin mars ?
Depuis 2010, et le retrait des tours opérateurs qui avaient fait le succès touristique du Pays Dogon, vous avez pourtant continué à nous faire confiance. Et « Solidarité Dogon » a ainsi pu poursuivre ses actions dans l’efficacité et le plaisir. En tout cas jusqu’en février 2014, date de notre dernier voyage en groupe. Personnellement, ma dernière visite remonte à décembre 2014, à une époque où la région restait à l’abri de la tempête.
Malgré les hauts et les bas de la situation internationale, huit personnes avaient encore souhaité nous accompagner en octobre 2015. Mais, en dernier ressort, force nous était d’annuler le voyage. Non pas en raison des précédents attentats mais clairement à la demande de nos partenaires locaux. Ils craignaient pour notre sécurité en raison de la multiplication des actions initiées sur le terrain par le Front de Libération du Macina. Certaines d’entre-elles aboutissant à la mort d’une demi-douzaine de personnes (policiers, édiles ou commerçants). Le Front de Libération du Macina étant le dernier né de la mouvance djihadiste au Sahel avec des liens avérés avec le groupe touareg Ansar Dine, lui-même dépendant d’AQMI au Magreb islamique.
Il apparaissait évident aussi que nos partenaires craignaient des représailles à partir du moment où ils auraient été repérés comme collaborant avec des Blancs. Cette peur, qui est aussi celle d’une grande partie des populations européennes suite aux attentats sur nos territoires, n’est évidemment pas la meilleure réaction aux problèmes. Mais, que faire ?
C’est la question que nous nous posons toujours aujourd’hui. Surtout pas marche arrière, en tout cas. Et tout simplement croire en un avenir meilleur, sans avoir quand. Ces deux derniers mois, suite à l’opération Seno menée par l’armée malienne, le climat s’est quelque peu amélioré. Nos partenaires nous ont en tout cas envoyé des messages plus rassurants…dans la mesure où eux-mêmes se sont sentis quelque peu apaisés par la présence de militaires dans les rues de Bandiagara, chef-lieu du Pays Dogon. Cela veut-il dire sécurité ? Difficile de se prononcer quand on connait le manque de moyens et d’efficacité, par le passé, de l’armée malienne.
Sonia et Jean-Marie, nos amis de « Regards Dogons », ont eu le courage de reprendre la route de Bandiagara en décembre de l’année dernière. Ils resteront sur place jusqu’à fin janvier et j’ai pris la « courageuse » décision…de ne rien décider avant de les avoir rencontrés, à leur retour. Aux dernières nouvelles, tout se passait bien pour eux. Ils ont retrouvé leurs partenaires habituels et ont travaillé avec eux comme par le passé. Je dois les remercier pour avoir concrétisé un espoir de solution qui n’avait cessé de se rétrécir au cours des derniers mois. A notre demande, Sonia et Jean-Marie ont rencontré Aminata, la directrice de l’école technique et de l’internat, qui leur remettra un dossier sur la réalisation d’un forage qui permettrait à l’école d’être autonome en eau. La distribution est de plus en plus déficiente à Bandiagara et, vu les travaux pratiques organisés, le besoin en eau est de plus en plus grand. Sauf surprise de dernière minute, « Solidarité Dogon » pourra financer ce projet. Dans un premier temps, les travaux avaient été estimés à une dizaine de milliers d’euros.
Pour Solidarité Dogon,
Fernand Marechal
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